Concert du 19 Août 2017 à 20h30
Grands airs d’opéras français
L’art du chant selon Jean-Antoine Bérard
Julie Hassler, soprano
Ensemble la Tempesta direction Patrick Bismuth
Abbaye de Juaye-Mondaye
L’art du chant selon Jean-Antoine Bérard
En 1755 fut publié un traité de l’art du chant sous la signature de Jean-Antoine Bérard. Ce professeur de chant, qui bénéficiait de la protection de Madame de Pompadour, n’était pas un personnage fort recommandable : en effet, son traité n’était rien d’autre qu’un plagiat de celui de Jean Blanchet, spécialiste de la physiologie de la voix et ami des encyclopédistes. Blanchet n’avait pas pu faire publier l’ouvrage qui était bel et bien de sa main, faute d’une protection aussi efficace que celle dont jouissait Bérard…
Quoiqu’il en soit, c’est bien le plagiaire qui nous intéresse aujourd’hui, car il eut l’heureuse idée d’ajouter à la fin du traité un grand nombre d’exemples servant à illustrer les idées développées dans les chapitres consacrés à la déclamation et à l’ornementation : or c’est là que réside le principal intérêt de ce traité pour nous. Ces exemples sont extraits des opéras de Rameau, Lully, Montéclair, Mouret, Campra, ou Colin de Blamont qui étaient régulièrement joués au milieu du XVIIIe siècle en France et que tous les lecteurs connaissaient.
Les compositeurs de l’époque baroque ne notaient pas précisément tous les détails de l’ornementation et de la déclamation dans la partition car ils comptaient sur le savoir-faire des chanteurs, ce qui ne va pas sans poser problème aux interprètes d’aujourd’hui, alors que ce savoir-faire s’est perdu dans l’évolution de l’histoire du chant. Bérard tenta de palier à ce manque de précision en mettant au point un code : à chaque ornement décrit dans le traité correspond une lettre de l’alphabet grec ou hébraïque, qu’il ajoute au dessus des notes là où l’ornement lui semble nécessaire. Par ailleurs, il ajoute des consonnes sous le texte partout où celles-ci doivent être prononcées avec plus d’énergie, suivant le précepte selon lequel « il faut doubler les lettres dans tous les endroits marqués au coin de la passion. »
Dans les airs d’opéra qui composent ce programme, nous avons cherché à respecter autant que possible les indications de Bérard, dans une quête de restitution d’un art du chant français du XVIIIe siècle intimement mêlé à celui de la déclamation. Dans cet art, la voix, enrichie de la palette des différents ornements, se met au service de l’expression des passions.
Tiré des Fêtes grecques et Romaines de Colin de Blamont
Ouverture
Tiré des fêtes de Thalie de Mouret
Air de Melpomène
Les Fêtes grecques et Romaines Colin de Blamont
Ritournelle
Air de Délie
Tiré de Jephté Montéclair
Air d’Iphise
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Tiré du Destin du Nouveau siècle d’André Campra
Air Champêtre (instrumental)
Air de la Paix Ruisseaux…
Menuets pour la Paix (instrumental)
Passacaille pour la Paix
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Pièce de clavecin en concert de J.P Rameau
La Timide
Tambourins
Tiré de Castor et Pollux de J.P. Rameau
Air de Télaïre Tristes Apprêts
Tiré de Pigmalion de J.P. Rameau
suite instrumentale
Amour ariette vive
Julie Hassler